jeudi 5 janvier 2012

Comme faire d'une sortie en ski une épopée

Première semaine de janvier, ce sont nos vacances à Christophe et moi, puisqu'il était avec son père entre Noël et le jour de l'an. Les Fêtes ont été dures pour Christophe (à ce qu'il dit!) il veut se reposer, ne pas voir trop de monde, écouter des films collés avec sa maman, jouer aux légos. D'accord. Mais j'ajoute une condition: chaque jour, on doit aller dehors, au moins une heure, pour prendre l'air (je n'avais pas prévu le - 1000 degrés lorsque j'ai posé cette condition, mais bien habillés, on survit). Quoi faire dehors pendant une heure, considérant le côté ultra sportif de Christophe (c'est de l'ironie, pour ceux qui n'auraient pas compris)? À lui de voir!

Première journée: on joue dans la cour, la neige est molle, on fait un fort avec les jumeaux et ensuite, on va jouer au roi de la montagne et glisser sur la butte au fond de la ruelle. 1 h 30 dehors.

Deuxième journée, les jumeaux sont malades, ils ne peuvent pas sortir. Christophe ne veut ni patiner, ni glisser, ni faire de la raquette. On va donc prendre une grande marche, jusqu'au Benjo. Il en a profité pour dépenser les sous que ma grand-maman lui a donnés au jour de l'an ("Maman, c'est le fun hein, on fait les magasins!"). Encore une fois, plus d'une heure dehors.

Troisième journée, Christophe ne veut toujours pas aller patiner, ni glisser, ni faire de la raquette. Et tout bonnement, il sort cette petite phrase anodine:
- "Maman, on pourrait aller en ski?"
- "En ski, comme dans ski alpin?".
- "Ben oui".

Parenthèse ici. Il y a 3 ans, nous avions inscrit Christophe a des cours de ski. Les huit premiers cours, il les a passé "écrafouéré" dans la pente école, dans un refus de tout son être d'apprendre à skier. Jusqu'à ce que je me tanne et que je pose un ultimatum. Il allait apprendre à skier. Soit il restait couché dans la pente pendant 10 ans jusqu'à ce qu'il se décide, soit il apprenait à skier et une fois qu'il serait capable de descendre la pente familiale, exit les cours de ski. Croyez-le ou non, le cours d'après, il faisait la pente familiale.... Fin de la parenthèse.

Ainsi donc hier, c'est armés de bonne volonté que nous nous sommes dirigés vers le centre de ski Le Relais (Christophe n'a pas reskié depuis ses cours, on commence humblement donc). Achat de billets, location d'équipement pour fiston, attache les bottes, s'habille, répond aux 200 questions de Christophe, etc. J'étais déjà fatiguée et on n'était même pas sur les pentes! Direction, la pente école. C'est là que ça s'est gâté. J'avais surrestimé la bonne volonté de Christophe, et mes talents de professeur. Et aussi ma patience. Juste pour monter sur le tapis roulant qui mène en haut de la côte, je ne vous raconte pas.... Il a fallu l'arrêter 3 fois, enlever les skis des pieds de Christophe, le forcer presque.... Première descente: il avait oublié comment freiner (je vous jure que je lui ai tout expliqué, mais il n'écoutait visiblement pas), alors il est descendu comme un boulet de canon, cris de terreur en prime, pour tomber au milieu de la pente et terminer la descente sur les fesses. Je le rejoins, essuie les larmes, le convainc de rembarquer sur le tapis roulant (parce que pour lui, c'était terminé, il voulait retourner à la maison). Deuxième descente: même topo, avec une finale différente: il est resté debout, mais a terminé la descente dans un poteau. Les larmes étaient encore plus nombreuses. Et là, aucun moyen de le convaincre de retourner faire une descente.

Bon. Si je ne casse pas sa peur à ce moment-là, c'en était fini du ski pour la vie (peut-être pas pour la vie, mais pour un méchant bout de temps!). Nous sommes rentrés au chalet, je lui ai demandé de m'attendre et je suis allée à l'école de ski. J'ai demandé s'ils avaient un instructeur privé disponible là, maintenant, tout-de-suite, pour une heure. Oui qu'ils ont dit (ouf! ais-je pensé!). Je suis allée cherché Christophe et je lui ai dit: "Je te présente Alain. Ça fait très longtemps qu'il fait du ski, c'est un prof bien meilleur que moi, il va te réapprendre à skier". J'ai vu un mélange de terreur, de peine, de découragement passer dans les yeux de fiston, mais trop orgueilleux pour dire quoi que ce soit ou pleurer devant un prof inconnu, il n'a rien dit (c'est pour ça que je ne lui ai pas dit d'avance pour le cours!). Je l'ai reconduis jusqu'au bas de la pente, l'ai embrassé en lui disant: "Bonne chance mon champion, je sais que tu es capable" et je suis partie.

À mon grand soulagement, après un peu plus d'une heure de cours, j'ai vu mon fils descendre la pente tout seul, tranquillement, sans tomber. Et malgré la fatigue sur son visage, il m'a fait un sourire en disant: "Maman, je suis correct maintenant".

Ouf! Quelle épopée! Et tout ça à l'intérieur de 3 heures!
Je ne prendrai pas de chance: pour être certaine qu'il n'oublie pas comment faire, la fin de semaine prochaine, on y retourne!

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